Pêcherie céphalopodière

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Pêcherie céphalopodière


Cette pêcherie est opérée au sud de Cap Boujdor par plus de 230 chalutiers congélateurs, 150 chalutiers côtiers et 5055 barques artisanales. Les ports et sites concernés par l'activité des flottilles opérationnelles au niveau de cette pêcherie sont : Dakhla, Boujdor, Labouirda, Lassargue, N'Tireft, Immoutlane, Cap7, Sid El Ghazi, Agadir, Laayoune, Tantan et Agadir. C'est une activité de pêche qui se déroule sur le plateau continental aussi bien à la côte qu'au large .
Si la pêche artisanale demeure le segment le plus sélectif vis-à-vis l'espèce « poulpe » compte tenu de la nature de ses engins (pot et turlutte), les chalutiers côtiers et hauturiers capturent une gamme d'espèce composée de céphalopodes et d'autres poissons associés (poissons plats, sparidés, …etc). Ceci a incité le développement de stratégies de pêche axées sur ces espèces autres que le poulpe surtout dans un contexte où la pêche de cette espèce est régulée par un système de quota.
En 2019, les déclarations en poulpe de la pêcherie céphalopodière sud a atteint 27 389 tonnes réparties entre 36% fournies par la pêche artisanale (SU1 (8%) et SU2 (28%), 11% réalisées par la pêche côtière et 53% par la pêche hauturière.



La pêche aux céphalopodes est pratiquée par une flottille hétérogène composée de chalutiers hauturiers, de chalutiers côtiers et de barques artisanales qui opèrent le long des côtes Marocaines et principalement au Sud de Boujdour. Différents engins sont utilisés, allant des simples pots et turluttes aux grands chaluts de fond.

Chalutiers hauturiers congélateurs

En 2018, 237 chalutiers hauturiers congélateurs actifs, répartis entre les ports d'Agadir et de Tantan, ont opéré soit une capacité totale de 81548 tonneaux et 243069 cv. Il s'agit également des unités de pêche ayant un âge moyen de 32 ans mesurent en moyenne 38 m de longueur.
En terme de stratégie de pêche, les chalutiers congélateurs armés de système espagnol opèrent à partir d'Agadir, tandis que ceux pratiquant la pêche au chalut de type coréen sont principalement basés à Tantan.
Ces navires en acier sont dotés d'une grande autonomie en mer leur permettant d'exercer des marées étalées sur plusieurs mois. Les captures sont conservées en bloc dans des tunnels de congélation installés à bord.
Les céphalopodiers congélateurs, armés historiquement de chalut de fond de deux types différents (type espagnol et type coréen), utilisent actuellement un type hybride entre ces deux types : un chalut de fond, dit mixte. La maille autorisée est de 70 mm.
Le chalut type espagnol est un chalut à deux faces, de longueur assez importante et une grande ouverture horizontale. Concernant le chalut type coréen, il s'agit d'un chalut à quatre faces, caractérisé par sa faible longueur et sa grande ouverture verticale.
Si le chalut de type espagnol est plus efficient pour la pêche des céphalopodes et des poissons plats, celui de type coréen est plutôt plus adapté pour la capture des poissons notamment les sparidés.

Chalutiers côtiers

Au niveau de la pêcherie céphalopodière Sud, 150 unités sont autorisées à pêcher le poulpe par système de rotation à partir des ports de Laayoune et Tan-Tan.
Les chalutiers côtiers sont des unités de pêche conçues en bois de TJB moyen de 69tx et une force motrice de 421 cv. D'âge moyen de 20 ans, les chalutiers mesurent en moyenne 22 m de longueur.
Engins de pêche.
Les chalutiers côtiers ayant des durées de marée fixées à 10 jours maximum, utilisent des chaluts de fond de différents types (chalut mailles franches, chalut cascadeur, chalut trawl, etc…) dont la maille du sac est fixée à 60 mm au niveau de l'unité d'aménagement du poulpe.
L'opération de chalutage est adaptée soit aux conditions de fond, soit aux comportements du poisson. Elle est réalisée en utilisant dans chaque cas un type de chalut et en modifiant légèrement le gréement du chalut choisi. En plus, suivant les conditions climatiques au cours de la même marée, le chalutier pourrait opérer soit avec un seul type d'engin soit en alternant différents types de chalut.

Barques artisanales

Ce segment est représenté par plus de 5260 barques confectionnées en bois d'un Tonnage Jauge Brute (TJB) inférieur à 3 tonneaux et une force motrice ne dépassant pas 30 cv. Elles opèrent à partir des sites de Sidi El Ghazi, Boujdour Centre, Cap 7, Imoutlan, N'Tireft, Lassargua et Labouirda.
La pêche artisanale au niveau de l'unité d'aménagement du poulpe, cible cette espèce dès l'ouverture de la saison de pêche et développe une activité de pêche aux poissons durant les périodes de repos biologiques et suite à l'épuisement du quota individuel en poulpe réservé à la barque.

Sites Nombre de barques*
Sidi El Ghazi 300
Boujdor 738
Cap7 933
Imoutlane 285
Ntireft 883
Lassargua 1169
Labouirda 746
Total 5055

*Flottes autorisées en 2018

Le segment artisanal cible une large gamme d'espèces dont le poulpe constitue la principale capture durant les périodes où la pêche de cette espèce est autorisée. Il utilise des engins sélectifs (pots et turluttes) orientés sur la pêche de cette espèce.
Durant les périodes de repos biologique, la pêche artisanale utilise différents engins pour cibler les poissons et certaines espèces de céphalopodes. Les principaux engins rencontrés sont : lignes à main, les palangres et les filets maillants. Les turluttes à calmar sont également utilisées durant les périodes d'abondance de cette espèce. L'usage de ces engins de pêche dépend généralement des espèces cibles, de la technicité des pêcheurs ainsi que des capacités financières des mareyeurs.
Il est à noter que les nasses et les casiers ciblant le poulpe sont interdits.

Espèces cibles

La pêche des petits pélagiques est dirigée vers les cinq principales espèces : sardine, sardinelles, maquereau, anchois et chinchards, dominé principalement par la sardine (83% en 2018) et le maquereau (11% en 2018).

Poulpe :

pc01.pngLe poulpe commun (Octopus vulgaris, Cuvier, 1797) est un mollusque benthique, néritique et vit sur tous les types de fonds (roches, grottes…) avec une préférence pour les sédiments meubles de sable fin à grossier. Cette préférence serait liée à un facteur alimentaire.
Cette espèce se présente généralement sur les fonds très côtiers situés entre la côte et la limite supérieure du plateau continental le long de toute la côte marocaine. La distribution de l'espèce est conditionnée par la bathymétrie et la nature du substrat. En zone sud, les fortes concentrations du poulpe sont situées généralement au niveau des zones : Lakraa - Ntireft, Dakhla – Cintra et Cap Barbas - Cap Blanc.
Pour la reproduction, deux pics sont généralement observés : un pic principal en printemps et un autre secondaire en été. Par conséquent, le recrutement survient principalement en automne (septembre-novembre) et en printemps (secondaire).
La taille de première maturité sexuelle est située à 11cm au niveau de l'atlantique sud.

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Les différentes évaluations saisonnières et annuelles montrent que l'état du stock du poulpe est en état d'équilibre fragile et que cette espèce n'a pas encore retrouvé ces performances historiques.

 

Seiches :

pc02.pngLa seiche commune Sepia officinalis est un céphalopode de l'ordre des Sepiidae. Cette espèce des fonds néritiques, a une large distribution géographique, se répartissant sur des fonds sableux ou sablo-vaseux de la côte jusqu'aux profondeurs de 200 m, plus abondante vers 100 m. Les individus de grandes tailles sont rencontrés sur la partie la plus profonde de la zone de distribution.
Au niveau de la zone Cap boujdor Cintra, les rendements des espèces de seiche les plus élevés sont généralement enregistrés dans les eaux profondes. La plus forte concentration est localisée au large de la Baie de Cintra, suivie d'un noyau observé au large de Lakraa.
Pour la zone sud Cintra- Cap Blanc les concentrations des seiches sont généralement très faibles. Des valeurs relativement plus élevées se situent d'une part et d'autre de Cap Barbas sur la frange côtière.
LConcernant la reproduction de la seiche commune, le pic principal se situe au printemps (janvier-avril) et le pic secondaire entre la fin de l'été et le début de l'automne.
La taille à la 1ère maturité sexuelle (L50) est de 17 cm de la longueur dorsale du manteau.
A l'échéance 2018, l'état d'exploitation des seiches a été établi sur la base de différentes modèles d'évaluation. Il en ressort que la mortalité par pêche est située au-dessus du niveau permettant d'atteindre la capture maximale soutenable (MSY) et la biomasse cible (B0.1). Le stock de la seiche de l'Atlantique sud du Maroc est, par conséquent, dans un état de surexploitation.

 

Calmar :

pc03.pngLe calmar Loligo vulgaris est une espèce néritique, semi-pélagique qui effectue des migrations verticales et latitudinales dépendant des conditions du milieu et de la saison entre environ 20 et 250 m de profondeur. Dans la zone comprise entre Cap Boujdor et le cap Blanc, les calmars migrent vers le large en hiver et se rapprochent de la côte pour se reproduire à des profondeurs inférieures à 100 m.
Au niveau de la zone Cap boujdor- Sud de Cintra, la plus forte concentration est observée au niveau de la bande côtière entre Lakraa et Cap 8. Quelques concentrations moins importantes sont observées au niveau de la zone de Lakraa et au niveau de la côte près de la Baie de Cintra.
Concernant la zone Sud Cintra- Cap Blanc, les fortes concentrations se localisent entre les latitudes 22°N et 21°N, avec les noyaux les plus denses au niveau des profondeurs de 50 à 75 mètres.
La saison de ponte commence tard dans l'hiver et se termine au début de l'automne, deux pics de ponte, pic principal se situe au printemps et le pic secondaire en automne.
A l'échéance 2018, les différents modèles et méthodes testés sur cette espèce n'ont pas pu fournir de résultats concluants sur son état de stock. Donc, aucun diagnostic n'est formulé pour le stock du calmar de la zone sud. Toutefois, la tendance à la hausse des captures de cette espèce ces dernières années, bien qu'elle soit fluctuante, suscite une gestion précautionneuse de ce stock avec la mise en place de mesures appropriées de conservation pour cette espèce (quota, révision de la taille minimale, …etc.).

Chalutiers hauturiers congélateurs

Les captures des céphalopodiers congélateurs sont en majorité composées de céphalopodes (plus de 52%). Elles sont également constituées de poissons blancs qui englobent principalement les soleidés, les sars, les dentés et les pagres. Le poulpe représentait 31% des volumes de captures réalisées pendant la campagne de pêche de l'hiver 2017-2018 et 29% pendant la campagne de pêche de l'été. La part des seiches est passée respectivement de 20% (saison hivernale 2018) à 17% (saison été 2018) alors que la part du calmar est restée stable 6% entre les deux saisons. Les proportions des autres espèces (poissons blancs) sont différentes entre les deux saisons.
Concernant les taux de capture du poulpe et de la seiche, ils sont étroitement liés à l'état des stocks de ces espèces, tandis que la part des poissons blancs dépend surtout des stratégies de pêche qui sont adoptées en fonction de la disponibilité du poisson et du quota alloué au segment de la pêche au poulpe.

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Comparaison des débarquements du segment hauturier par saison de pêche

Chalutiers côtiers

Les captures de ces chalutiers côtiers sont composées de 118 espèces environ, dont 20 constituent 87% du volume de capture. Les céphalopodes, les poissons plats et les sparidés constituent les principales cibles de cette flotte.
En terme de composition, le poulpe, les chinchards, la sole langue canarienne, le cavillonne commun (grondin), la bogue, le denté commun occupent les premiers rangs des espèces débarquées en 2018.

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Barques artisanales

En 2018, la capture de cette flottille a atteint 21656 tonnes, composée de 96 espèces débarquées par les barques opérant au niveau de la zone Sud (UA). Les principales espèces débarquées sont les céphalopodes (poulpe et seiche) et les poissons démersaux (mulets, diagramme gris…etc).
La composition spécifique des captures est présentée par la figure suivante :

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Les zones d'activités et des stratégies de pêche sont définies par la nécessité du respect des mesures spatio-temporelles instaurées dans le cadre du plan d'aménagement relatif à cette pêcherie, ainsi que par le choix et la disponibilité des espèces cibles.

Chalutiers hauturiers

Ces unités de pêche sont armées historiquement de chalut de fond de deux types espagnol, coréen. Actuellement, un type hybride entre le coréen et l'espagnol, dit mixte, est utilisé. La maille autorisée est de 70mm.
Si le poulpe demeure la principale espèce convoitée, des stratégies de pêche axées des espèces autres que le poulpe sont adoptées surtout dans un contexte où la pêche de cette espèce est régulée par un système de quota. Chalutiers côtiers.

Chalutiers côtiers

Les chaluts utilisés par la pêche côtière sont des chaluts de fonds à panneaux de deux à quatre faces, de dimensions modérées. On note principalement :

  • Les chaluts à faible ouverture verticale, de moins de 2 mètres, adaptés à la capture d'animaux vivant très près du fond ou légèrement décollés, tels que les poissons plats, le poulpe et les crevettes, la plupart des chaluts de fond appartiennent à ce type. Il s'agit du chalut atomique, chalut maille franche, chalut à crevette et chalut cascadeur ;
  • Les chaluts à grande ouverture verticale (plus de 5 mètres). De tels chaluts, souvent utilisés pour la capture des espèces semipélagiques, mais aussi des poissons démersaux quand ils sont utilisés près du fond marin.

L'adoption du chalutage soit aux conditions de fond soit aux comportements du poisson se fait en utilisant dans chaque cas un type de chalut et en modifiant légèrement le gréement du chalut choisi. En plus, suivant les conditions climatiques et durant chaque marrée le chalutier pourrait opérer soit alternativement avec les différents types de chalut soit uniquement avec un seul type de chalut.

Barques artisanales

Les barques artisanales de la zone sud adoptent deux principaux engins pour la pêche au poulpe :

  • Les pots qui sont de nature en plastiques et disposés en filières chacune regroupe une 30aines d'unités espacées. Le lestage des pots se fait grâce à une base en béton fixée au fond. Pour plus de stabilité de la ligne du pot, deux ancres ont été ajoutées aux deux extrémités et sont également dotés de bouée pour le repérage de l'engin ;
  • La turlutte à poulpe correspond à une ligne dérivante attachée à une turlutte. Cette turlutte a la forme d'une couronne de 7 hameçons (3/4) de type droit (taille 0,5), avec des œillets normaux disposés sur un support en bois, entourés par un tube en plastique. La turlutte est appâtée avec de la sardine salée (attraction chimique) et de pied de poulet (attraction visuelle). La turlutte est maintenue en surface à l'aide d'un flotteur (bidon de 2 litres). Le lestage de l'engin s'effectue grâce à trois morceaux de plomb (3*100 g). La ligne de la turlutte est un fil mono-filament en nylon. La distance entre la turlutte et le flotteur est égale à la profondeur de la zone de pêche.

En dehors de la saison de pêche au poulpe ou dans le cas de rareté de cette espèce les artisans adoptent une panoplie d'engins pour pêcher les poissons et les autres céphalopodes.

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